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U2 s'est pris les pieds dans la toile

U2 s'est pris les pieds dans la toile
 

| Photo Reuters/Paulo Whitaker

Paru dans Match

Avec la comédie musicale «Spider-Man», Bono et The Edge accumulent les déboires artistiques et financiers. Explications.

Sacha Reins - Paris

    Vu de l'extérieur, Broadway et ses théâtres aux frontons multicolores ressemble à un pays merveilleux où tout le monde s'amuse, chante et danse pour des publics émerveillés qui viennent y oublier les soucis de leur quotidien. Mais cette usine à rêves qui, depuis plus d'un siècle, a produit les plus grandes comédies musicales de la planète est aussi un terrain hautement miné, un marécage qui engloutit impitoyablement ceux qui s'y risquent trop légèrement, quelle que soit leur notoriété. Bono et The Edge en font la douloureuse expérience.

    Le chanteur et le guitariste de U2 tentent depuis plus de six ans d'y monter une adaptation de Spider-Man. Soixante-dix millions de dollars ont déjà été engloutis, mais le show n'a toujours pas démarré officiellement, et la première du spectacle a déjà été repoussée cinq fois. Elle est aujourd'hui fixée au 14 juin. Qu'est-ce qui bloque ? La malchance d'abord, trois des acteurs se sont blessés pendant les répétitions publiques, l'un d'eux tombant de plus de 10 mètres, ce qui a amené le département new-yorkais chargé de la sécurité du travail à Broadway à suspendre leurs autorisations. Les reports successifs leur ont aussi fait perdre les acteurs prévus pour les premiers rôles (Evan Rachel Wood et Alan Cumming) ; la metteur en scène du show, Julie Taymor, a récemment été congédiée ; et, si le spectacle est (malgré les accidents) visuellement très spectaculaire avec ses héros s'envolant dans les airs - façon Cirque du soleil à Las Vegas - pour se coller au plafond, le livret qui souffre d'un problème musical narratif, est sans cesse remanié.

    Bono et the Edge règnent sur le rock, mais ils découvrent que le monde de Broadway obéit à d'autres règles. «C'est beaucoup plus difficile que nous l'imaginions, a déclaré Bono à l'Associated Press. Nous n'avions pas imaginé la difficulté de monter quelque chose comme cela, techniquement et financièrement.» Il aurait pu demander conseil à son ami Elton John, heureux compositeur de trois hits de Broadway, «The Lion King», «Aida» et «Billy Elliot» mais aussi d'un flop retentissant, «Lestat» d'après le roman d'Anne Rice, «Entretien avec un vampire». Avant lui, Pete Townshend des Who avait triomphé à Broadway avec une adaptation de « Tommy », mais Paul Simon s'était douloureusement ramassé en 1998 avec «The Capeman» qui perdit 11 millions de dollars et fut retiré après huit semaines.

    Broadway vénère les succès, mais ungros flop le met également en joie

    Tout le monde avance ici en terrain inconnu. Jamais le risque financier n'a été aussi élevé à Broadway. Le coût de production hebdomadaire du show s'élève à 1 million de dollars. Cela signifie que même si «Spider-Man» affiche complet, il n'y aura aucun bénéfice avant quatre ans. Broadway vénère les succès, mais un gros flop bien spectaculaire le met également en joie. Et cette effervescence malsaine autour du spectacle a boosté les réservations : 17 millions de dollars de billets ont déjà été vendus et les «previews» (filages) affichent complet chaque soir. Personne ne veut rater ce qui sera le succès du siècle ou le naufrage titanesque de deux stars du rock. Bono et The Edge revoient toujours leur copie car ce qu'ils ont livré jusqu'à présent sonne comme du U2, mais en moins bien. Une seule séquence musicale enflamme, chaque soir, le public en première partie, mais c'est «New Year's Day», une chanson de l'album «War» publié en 1983! Une nouvelle version du spectacle vient d'être présentée avec plus de numéros acrobatiques et moins de musique. « I Still Haven't Found What I'm Looking for », chanson de circonstance? Point final

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