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Neil Mc Cormick parle de Killing Bono

 

The Telegraph vient de publier un article où Neil Mc Cornick parle longuement de Killing Bono. En voici un résumé.


« Quand j’étais jeune, j’étais obsédé par la célébrité. J’étais persuadé que c’était mon destin de devenir une énorme rock star planétaire. J’avais tout prévu : les concept-albums, les tours du monde façon science-fiction, le premier groupe à jouer sur la lune… Il se trouve que mon copain d’école, Paul Hewson, avait eu la même idée. Il créa un groupe nommé Feedback, qui eu brièvement pour guitariste mon jeune frère Ivan. Ca n’a pas marché et j’ai récupéré Ivan pour mon propre groupe punk : Frankie Corpse and the Undertakers. Nous avons joué pour la première fois à l’école Mount Temple à Dublin, en 1977, en compagnie du groupe de Paul, qui entre temps avait changé de nom pour devenir The Hype.

C’est ainsi qu’a débuté mon odyssée personnelle dans le monde du rock and roll. Treize ans d’occasions manquées, de transactions ratées, de mauvais jugements et de malchance. Les frères Mc Cornick s’exilèrent à Londres, furent courtisés par les majors et par de grands managers, puis séduits, signés et enfin abandonnés sans avoir sorti le moindre disque.

Alors, à la fin des eighties, je me suis retrouvé en train de jouer au Coach and Horse à Wembley alors que nos ex-copains de classe jouaient en bas de la rue, au Stade de Wembley. Paul avait adopté son surnom de Bono. Le groupe s’était lui-même donné le nom de U2.

Mon histoire est une très ordinaire histoire de rock, pleine de grands rêves et d’ambitions contrariées. Il y a bien plus de groupe qui échouent que de groupes qui réussissent. Le tournant de mon histoire tient au fait que mes amis sont devenus les plus grandes rock stars de la planète. Moi, je suis devenu critique de rock.

Ca m’a pris un moment pour accepter tout ça, pour mesurer ma jalousie, pour mettre en perspective mes ambitions et en tirer quelques leçons de vie. Mais finalement, j’ai tiré un livre de nos mésaventures : «J’étais le double de Bono » (I was Bono’s Doppelganger). Le titre était inspiré d’une blague de Bono, suggérant que nous étions des opposés cosmiques, et que j’avais absorbé toute sa malchance. « Si tu veux retrouver ta vie, tu n’as qu’à me tuer !», avait-il dit. Il pensait que j’aurais dû intituler le livre Killing Bono, ajoutant : « Je connais un tas de gens qui aimeraient porter ce T-shirt ! ».

Il m’a laissé de nombreux messages sur mon répondeur : « Neil, c’est Bono. Tu dois me tuer. C’est pour ton bien. Et pour le mien”. Il avait raison, naturellement, c’est un meilleur titre et il a été préféré par les éditeurs américains.

Nick Hamm m’a contacté après la parution de mon livre en 2003, pour me dire qu’il voulait une option sur les droits du film. C’était un appel que j’avais espéré secrètement pendant toute ma vie. Je pense toujours qu’il était fou. C’est une histoire erratique, anecdotique, étalée sur toute une vie, dans laquelle la rédemption, si elle arrive, est presque entièrement intérieure, une lente acceptation du fait que nous avons à faire à la vie telle qu’elle est, et non pas telle que nous voudrions qu’elle soit.

Nick Hamm l’a vue comme la vie de tout le monde, car beaucoup de gens ont davantage l’expérience de l’échec que celle du succès. Il a fait quelques films et connu, à des degrés variés, le succès et, plus significativement, l’échec. Quelque chose dans mon histoire lui a parlé ».

Neil Mc Cornick parle ensuite de la façon dont le film a été réalisé à Belfast, ville choisie parce qu’elle ressemble davantage au Dublin des années 70 que Dublin aujourd’hui. Il a fallu pas moins de six années pour que puisse débuter le tournage, avec tant de péripéties qu’il considère comme un miracle le fait que le film ait pu être tourné. A la dixième réécriture, Hamm lui a dit : « Le problème avec ta vie, c’est qu’il n’y a pas d’acte III, mais nous allons t’en donner un ». C’est vers la 14ème version qu’ils l’ont fait courir dans Dublin avec un revolver. Protestations de Mc Cormick : « Je n’ai jamais voulu tuer Bono pour de bon…Ok, juste l’estropier un peu… ».

Mc Cormick raconte également comme la première vision qu’il a eue de quelqu’un jouant son propre rôle lui a donné envie de s’éclipser hors de la pièce. Voir sa gaucherie de jeune homme, sa prétention et sa tendance à la surexcitation l’a amené à se demander comment il avait pu se convaincre lui-même qu’il était fait pour accomplir de grandes choses. Et le fait que ce soit un beau jeune homme, Ben Barnes (le Prince Caspian de Narmia) qui a été choisi pour incarner son personnage n’a rien arrangé car d’après Hamm, Ben Barnes interprète Mc Cormick comme un supergeek, ce qui dégoûterait n’importe qui !

De son coté, Mc Cormick avait suggéré que ce soit Brendan Gleeson ou Colm Meaney qui joue Bono, de bons irlandais typiques, de préférence âgés, un peu enveloppés, chauves… la revanche ultime ! Mais c’est Marty Mc Cann qui a été choisi. La première fois que Mc Cormick l’a vu en train de jouer, il a songé une fraction de seconde : « Mais c’est Bono ! Qu’est-ce qu’il fait là ? ». « Marty avait une façon de faire saillir sa mâchoire et de gonfler sa poitrine, la démarche d’un boxeur prêt au combat, et ça m’a renvoyé 20 ans en arrière. J’ai appelé Bono et je lui ai dit que l’acteur qui jouait son rôle était plus que lui tellement il était lui. Bono m’a répondu : « A part qu’il est grand… et modeste ».

Mc Cormick raconte ensuite la façon dont il a vécu ses deux visionnages du film, une première fois où il s’est un peu senti trahi par ce qu’il voyait à l’écran, une seconde où il a fini par bien rire. Il raconte aussi comment il a dû se retenir de taper sur l’épaule de son voisin quand celui-ci s’est exclamé à propos de son personnage : « Quel con ! » ou bien comment certains aspects du film ont déclenché une crise de jalousie de la part de sa compagne.

Quant à son frère Ivan, il dit à tout le monde que les choses se sont passées exactement comme ça. Mc Cormick pense que c’était lui la véritable star de la famille et qu’il a ruiné sa vie. Peut-être que d’en avoir fait un héros de cinéma lui apportera une petite compensation…

Et Mc Cormick de conclure ainsi : « En tant que jeune homme plein d’illusions et obsédé par la célébrité, je n’ai jamais douté qu’un jour, quelqu’un veuille faire un film de ma vie. Je n’avais juste jamais envisagé que ce serait une comédie ».

http://www.u2achtung.com/01/news/news.php?id=3181
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