Numéro 19 “Gloria”
Sorti comme le second single de l’album de 1981October, “Gloria” donne un avant-goût de ce qui allait arriver, à la fois pour ce compte à rebours et pour la carrière actuelle de U2. Ce titre n’atteindra que la 55e position au Royaume Uni et ne figurera même pas dans les charts américains, ce morceau est devenu l’aliment de base des concerts de U2 tout au long des années 1980 et documenté par une performance stellaire figurant sur l’album live Under A Blood Red Sky. De manière pertinente, le refrain de cette chanson “Gloria in te Domine/Gloria exultate”, se traduit grosso modo du latin par “What up, world ? We’re about to make skullcaps and wrap-around sunglasses super cool.” (Quoi de neuf le monde, nous allons faire des bonnets et porter des lunettes aux verres fumés d’enfer !)
Caché dans ce morceau, le futur plan du succès à venir du groupe. Des textes très émouvants, suffisamment vagues pour autoriser de multiples interprétations. C’est fait. Une ligne de basse sourde et direct mise en avant. C’est fait. Un chatoyant mix avec une caisse claire. C’est fait. The Edge faisant exploser un autre riff incroyable pour lequel il a vraisemblablement vendu son âme. C’est fait, c’est fait, c’est fait.
Pourtant la raison qui fait que “Gloria” figure dans ce compte à rebours au lieu d’autres chansons innombrables qui remplissent elles aussi ces conditions est combien elle est différente. Adam Clayton montre son talent à mi chemin avec une basse funky et claquante, créant une rupture à nulle autre comparable dans le catalogue de U2. Les percutions tant qu’à elles reproduisent le son de quelqu’un qui ferait tomber une pièce sur une table la laissant tourner jusqu’à ce qu’elle tombe pour s’arrêter. The Edge fait allusion au retour du rythme principal — s’arrêtant et repartant une fois, puis deux — avant l’entrée du refrain, de multiples voix chantant cette phrase en latin — qui se traduit en fait par “Glory in you, Lord/Glory, exalt him.” (gloire à toi Seigneur, gloire, exalte-le). Il est une certaine innocence pleine de jeunesse dans ce morceau, une certaine naïveté, à la fois dans l’ardente interprétation de Bono et dans la croyance qu’une chansons avec pareille accroche puisse se classer en tête des hits parades. Bien que n’ayant pas réussi commercialement parlant, “Gloria” continue de vivre tel l’aperçu du potentiel de ces garçons d’une vingtaine d’années, attendant de se réaliser.
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