Adam Clayton, Journal d’un bassiste

14 février 1982 - St Valentin

Aujourd’hui c’est la Saint Valentin et où est ma Valentine ? Sur le chemin d’Austin à San Antonio, nous nous sommes arrêtés dans une ferme de serpents, zoo amateur. C’était déprimant. Beaucoup d’animaux en cage ne semblant pas en très bonne santé. Le point d’orgue a été un singe fou qui avait des poings épileptiques accompagnés de cris ensanglantés stridents. C’était vraiment complètement un cri parce que Bono s’est mis à chanter. Ce qui a enragé encore plus la créature — ses cris stridents se sont amplifiés. Bono a accordé son volume jusqu’à ce que la créature dérangée commence à se frapper la tête contre le mur. Enfin, une femme très brusque a déboulé et nous a fait partir, se plaignant de combien il pouvait être cruel de boire des sodas face à notre ami comme s’il n’y avait rien d’autre à incriminer qu’un verre de Coke.

Je continue par le concert. Durant celui-ci Bono a offert des fleurs aux filles. J’aurais aimé avoir fait ça. Il a des amis pour la vie. Après coup, nous avons passé un long moment avec les clients. Les Texans sont des gens simples très sympas, conséquemment la conversation s’est éternisée. 3 h 15 du matin, retour à l’hôtel via l’Alamo, qui avait eu droit à la discutable accolade de consécration via l’urine d’Ozzy Osbourne.

La chaîne du câble HBO diffusait Fort Apache, The Bronx. Excellent film et l’une des meilleures performances de Paul Newman depuis des lustres.

Vendredi

Debout bien trop tôt et tout le monde a l’air complètement cassé. Nous arrivons à Denver et Edge découvre une station de ski à 75 km plus haut. Nous nous y rendons tous les quatre. Il ne faut pas trop en parler car une jambe cassée à ce stade de la tournée ne serait pas la bienvenue. Les récits étaient fabriqués puis modifiés de sorte qu’aucun d’entre nous ait la moindre idée d’où nous nous trouvions. Charmante traversée en voiture dans les Rocheuses jusqu’à la station. Une fois sur place, Edge entreprend d’organiser les activités puisqu’il est l’amateur expérimenté. Nous chaussons nos skis et Bono tombe aussitôt. Nous bricolons sur la piste pour débutants en suivant les instructions d’Edge. Finalement, je me sentais suffisamment en confiance pour m’attaquer à la montagne. J’aurais préféré ne pas l’avoir été. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Pour atteindre le sommet, nous avons dû nous accrocher à des sièges montants, des centaines de pieds au-dessus de la terre ferme, sans barre de sécurité. J’étais tellement hystérique que je me serais volontiers jeté dans le vide si Edge ne m’avait pas distrait en me faisant parler.

Pour couronner le tout, il devint bientôt évident que j’avais été trop optimiste. Je dis à Edge d’’y aller et d’en profiter et que je redescendrais à pied. Très clairement, la montagne voulait ma peau. Edge effectua deux montées et descentes pendant que je marchais. Puis il s’attaqua à la piste noire. Comme vous le savez peut-être, les pistes noires sont très dangereuses. Et d’autres avec des trous noirs et des zones noires. Nous battîmes en retraite jusqu’au bar pour le seul truc que j’aime dans le ski — apres ski (NDLT : en français dans le texte) et Gluewein (NDLT : vin chaud alsacien). Nous avons fait l’erreur de commander des Irish Coffees, qui n’ont de café que le nom et qui ne sont absolument pas irlandais. La crème sort d’une bombe aérosol et il y a cette liqueur verte dégueulasse qui est censé donner un coup de fouet. Une fois de retour à l’hôtel, nous décidâmes de sortir pour voir Reds (de et avec Warren Beatty). C’est un bon film mai j’ai eu le sentiment qu’il perdait un peu de son intérêt à certains moments, mais peut-être était-ce dû au fait que j’étais tellement fatigué (NDLT : c’est surtout que c’est très long, très politique et qu’il ne faut pas lâcher une minute pour l’apprécier à sa juste valeur).

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